Est-ce que le stress peut être bénéfique ?

Est-ce que le stress peut être bénéfique ?

A première vu je ne suis pas quelqu’un de particulièrement stressé. J’ai un tempérament plutôt calme et tranquille. Et pourtant j’ai pu vivre des périodes de stress chronique. Elles étaient plus présentes avant que je ne commence le yoga en 2017 mais je continue à travailler dessus chaque jour.
 
Est-ce que je dirais que ce stress est bénéfique ? Non pas du tout. Est-ce que c’est ce qui m’a permis d’aller de l’avant ces dernières années ? Non plus.
Mais alors pourquoi on peut entendre parler de « bon » stress ou de stress bénéfique ?
 
La première étape c’est définir d’abord les différentes forme de stress. Revenir à sa signification et ses origines.
 
Que nous dit le wiktionnaire sur cela ?

« (Psychologie) Le stress est de la pression émotionnelle endurée par un être humain ou un autre animal. »

Il nous dit aussi que le mot stress trouve sa racine en partie dans le moyen français « destresse » qui signifie « détresse ».
 
Plus généralement quand on parle de stress on peut faire référence à la réaction de notre organisme à faire face à une menace ou une agression externe.
Cela peut se traduire au niveau physiologique par une augmentation du rythme cardiaque, une dilatation des pupilles et une libération de différents neurotransmetteurs comme l’adrénaline pour augmenter notre force et réduire notre sensibilité à la douleur.
 
Cette réaction est le fruit de centaines d’années d’évolution. Imaginez nos ancêtres chasseurs-cueilleurs face à un prédateur. Sans ce mécanisme de défense leurs chances de survie auraient été amoindrit. A l’échelle de la vie sur terre, nous n’avons quasiment pas évolué depuis l’époque de l’arrivé de l’Homo Sapiens et cet réaction est toujours programmée en nous.
Si cette réaction est ancrée physiologiquement en nous pourquoi devons nous aujourd’hui « lutter contre le stress ».
 
C’est ici qu’il faut distinguer deux états, le stress d’un coté et le stress chronique de l’autre.
 

Sympa le système

Imaginez que vous êtes à la plage. Vous allez au bord de l’eau et vous avancez jusqu’à avoir le niveau de la mer juste en dessous de vos genoux. Vous restez ici un instant et puis vous revenez en arrière sur la plage. Maintenant imaginez que vous faites ça en boucle pendant toute une après-midi.
 
Est-ce que vous avez nagé ? Est-ce que vous vous êtes reposé sur votre serviette ? Ni l’un ni l’autre. Vous êtes resté entre deux ; jamais vraiment actif, jamais vraiment au repos.
 
Les causes d’un état de stress chronique est notre incapacité à être pleinement au repos et en contrepartie à être pleinement dans l’effort.
 
Je parlais avant de réaction physiologique face à une agression. Dans ce cas c’est notre système nerveux sympathique qui se met en marche. Il dispose d’outils sous forme de neurotransmetteurs et d’hormones pour nous réveiller, nous permettre d’être plus attentif et nous prépare à l’action.
 
A l’opposé, le système nerveux parasympathique favorise notre repos et notre digestion, c’est notre mode d’économie de l’énergie.
 
Il n’y a pas d’état permanent ultime à atteindre. Notre organisme n’est pas fait pour être uniquement dans l’action ou uniquement au repos.
 
Comme je le comprends, l’équilibre est atteint lorsque nous puisons dans l’un et l’autre successivement en adéquation avec chaque situation.
 
C’est cette même dualité qui se retrouve dans le symbole yin-yang dans la philosophie chinoise. L’énergie yin est celle de la réception, de la lune (qui reçoit la lumière) et de la passivité. Alors que l’énergie yang est celle de l’expansion, du soleil et de l’activité.
 
Pour revenir à quelque chose de plus concret, j’ai ressenti une forme de stress chronique au travail vers 2016 alors que je travaillais pour Lidl en tant que technicien informatique. Voici les causes que j’ai pu identifier :
  • un grand nombre de tâches très différentes à exécuter
  • une grande variété d’interlocuteurs
  • des priorités définis par des acteurs externes à l’équipe (comité directeur, maison mère, chef de projet, équipes métiers)
  • peu de place laissée pour la créativité
  • surcharge de process et de protocoles administratifs
En prenant du recul, je note qu’il s’agit d’une combinaison de deux facteurs. Premièrement beaucoup d’attente en terme de résultat et de flexibilité et deuxièmement peu de marge de manœuvre laissée aux techniciens.
 
Heureusement pour moi, je ne suis pas resté dans cet état de pression très longtemps. Ma femme m’a poussé à trouver des activités qui me permettraient de trouver un équilibre et surtout de trouver de la tranquillité.
 
Je l’ai dit en introduction, j’ai un tempérament plutôt calme. Mais en même temps je m’impose en permanence des tâches à faire. J’ai systématiquement une todo list à terminer. Je me trouve des occupations à longueur de journée.
 
Je suis tombé dans le piège de notre société et ses injonctions à produire, à être actif, à créer de la valeur. Il ne faut pas chercher longtemps dans le cinéma ou à la télévision pour constater qu’on vénère le « business man », littéralement l’homme occupé.
 
Pour ne rien arranger, je passe beaucoup de temps sur des écrans et je suis hyper-stimulé visuellement. C’est un réel travail pour moi de prendre du recul et d’envisager un autre équilibre car c’est un ensemble d’habitudes que j’ai construis depuis mon adolescence.
 
La solution pour moi a donc été de trouver quelque chose pour me détendre. On a chacun ses propres défis. Les cartes n’ont pas été distribuées de la même façon pour tout le monde à la naissance.
 
Ce qui est difficile pour moi ne le sera peut-être pas pour vous. Mais pour moi, il fallait clairement ralentir. Apprécier les choses simples, faire attention au monde qui nous entoure en essayant au minimum de le juger ou de l’évaluer.
 
Grâce au soutien de ma femme j’ai pu réagir assez tôt pour ne pas subir de symptômes plus nocifs qui peuvent survenir après une exposition prolongée à des situations stressantes.
Parmi ces symptôme on peut trouver :
  • Un affaiblissement général, baisse de l’énergie
  • Problèmes de sommeil
  • Troubles digestifs
  • Migraine, douleurs dans le bas du dos
  • Prise de poids
Ce qui est vraiment insidieux dans ces symptômes c’est qu’ils ne sont pas aigus. Il est possible de vivre avec eux sur le moyen terme. Ce sont des troubles gênant mais pas dangereux dans l’immédiat. Avec le temps les messages d’alertes envoyés par le corps sont de moins en moins écoutés et cela entraîne une distanciation entre la tête et le corps.
 
Cette tendance peut également être accentuée par une consommation régulière d’alcool, de drogue ou de médicament.
 
Pour ma part, j’ai commencé le yoga sans en connaître vraiment les bénéfices. Je m’y suis lancé comme un débutant en sachant juste que c’était « bon pour ce que j’ai ». En comprenant les mécanismes du stress chronique je vois mieux pourquoi le yoga est une réponse appropriée.
 
Durant un cours on passe successivement entre des moments d’activation intense et de relâchement complet. En fonction du style pratiqué cela peut varier mais dans le yoga Iyengar c’est cela à l’échelle d’une séance. Les dernières postures ont pour but de calmer et relaxer le corps et le système nerveux. La recherche de l’activation suivi du repos stimule respectivement les systèmes nerveux sympathique et parasympathique.
 
C’est comme nous permettre de nous plonger complètement dans l’eau pour nager et revenir ensuite sur notre serviette pour nous recharger.
 
Évidemment, il y a une multitude de méthode pour lutter contre cette affliction. Il revient à chacun de trouver celle qui lui correspond le mieux.
 

Conclusion

A l’origine le stress est une réponse du corps face à des situations qui exigent une réponse immédiate. Dans la vie moderne notre organisme emploie les mêmes mécanismes de façon répétitive alors qu’il n’y a pas la plupart du temps une urgence vitale. La clé pour ne pas se sentir débordé est d’alterner entre activité et passivité.
 
Les italiens et les espagnols ont bien compris l’intérêt de la sieste car c’est une institution dans ces deux pays.
 
Je ne pense pas avoir déjà été confronté à une situation ou le stress a été bénéfique. Dans chaque cas il s’agissait plutôt d’un générateur d’angoisse.
 
C’était un mal-être sur la durée et non pas un afflux momentané d’énergie.
 
En dehors du yoga, je cherche encore mon équilibre pour ne pas m’user sans raison. Je suis aujourd’hui persuadé que la culture du calme est la clé.
 

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